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mikan music reviews
album | Nami Tamaki - Speciality |
Par Ananda, le 15-08-2006 à 15:27:00

Nami Tamaki est ce qu'on peut appeler une chanteuse Ă©nervante. GĂ©rant tant bien que mal son peu de capital talent, elle a rĂ©ussi à surnager dans le paysage jpop depuis trois ans à la force de singles pop/dance ultra-Ă©nergiques et de sa voix braillarde, qu'elle voudrait puissante mais nĂ©anmoins très limitĂ©e. RepĂ©rĂ©e pour ses talents de danseuse, ceux-ci lui permettent d'assurer le show, mais au dĂ©triment du chant, dont elle emprunte les dĂ©fauts à plusieurs chanteuses populaires, de Megumi Hayashibara pour le volume à Ayumi Hamasaki pour la hauteur.ComposĂ© du combo gagnant japonais titres inĂ©dits + titres dĂ©jà sortis en single, que vaut vraiment Speciality ?
Brisons le suspense affolant et faisons tomber le verdict : Speciality ne vaut pas grand chose, malheureusement. Tout d'abord, intĂ©ressons-nous au principal (du moins a priori) : la voix de la chanteuse, hideuse, ne parvient à aucun moment à crĂ©er un sentiment de douceur et de lĂ©gèretĂ©. Tamaki a une fâcheuse tendance à vouloir passer en force partout oĂą on lui ouvre la porte, ce qui donne au final des interprĂ©tations certes survoltĂ©es mais dont l'Ă©nergie est mal exploitĂ©e. Nous jetterons un voile pudique sur ce point pour finalement parler de ce qui fait vraiment dĂ©faut à Speciality : le manque d'originalitĂ©.
La méthode Tamaki
Celà fait, certes, un moment que Tamaki n'Ă©tonne plus personne avec ses redites de ses succès passĂ©s, et ses derniers singles n'ont pas vraiment créé l'Ă©vènement, n'ayant guère obtenu plus qu'ils ne mĂ©ritaient, suite logique d'une carrière passĂ©e à chanter toujours le mĂŞme titre, malgrĂ© l'alternance des compositeurs et des arrangeurs. Le schĂ©ma de la quasi-totalitĂ© des chansons est extrĂŞmement classique tant sur le plan de la structure (mais c'est la loi du genre) que sur celui de l'instrumentation.
C'est l'overdose de basses lourdes, de sonoritĂ©s hĂ©ritĂ©es d'une dance cheap des annĂ©es 90 et qu'on aurait tous voulu oublier, de guitares Ă©lectriques qui sont à l'honneur sur toutes les chansons, ce qui donne finalement, non pas un effet d'homogĂ©nĂ©itĂ© comme on aurait pu l'espĂ©rer dans ce cas, mais plutĂ´t un effet de bloc. Il est parfois compliquĂ© de saisir le moment oĂą l'on passe à la chanson suivante si on n'Ă©coute pas attentivement, ce qui procure finalement une sensation de lourdeur.
Et les morceaux pour illustrer ce modèle ne manquent pas : Result par exemple, copie conforme du UNITE ! d'Ayumi Hamasaki auquel elle emprunte la mĂ©lodie sur les couplets, la transition vers les refrains et pour finir le passage instrumental après le deuxième refrain. Dans le mĂŞme genre, Sanctuary et Identity rĂ©ussisent le pari du plus classique tu meurs, tandis que MY WAY se rĂ©vèle carrĂ©ment insupportable de par la surabondance des guitares dès le dĂ©but du morceau, et Sunrize uniquement ridicule avec son pont rappĂ© totalement inappropriĂ©. Mais la trahison vient plutĂ´t de Tetsuya Komuro, lĂ©gendaire compositeur et producteur à l'origine du succès d'hitomi et de Namie Amuro, qui offre à Tamaki une nouvelle version du gĂ©nĂ©rique culte de City Hunter, Get Wild, interprĂ©tĂ©e à l'origine par son groupe TM Network. Il faut dire qu'en habituelle interprète de gĂ©nĂ©riques d'animĂ©s à la sauce dance, Nami semblait ĂŞtre la candidate idĂ©ale pour une nouvelle version de Get Wild. Malheureusement, l'ensemble tombe à l'eau et Komuro se noie dans les habituels effets brouhahahesques d'une Tamaki survoltĂ©e, et comble de l'ironie, le morceau ne parvient mĂŞme pas à se diffĂ©rencier des autres titres dans l'album.
"Et au fond de la boîte demeurait l'espoir..."
Un des poncifs de ce genre de dance est de crĂ©er des cassures Ă©videntes dans le rythme en introduisant le morceau par une mĂ©lodie gnan-gnan, prĂ©fĂ©rentiellement au piano, qu'on dĂ©gommera par la suite d'un coup de beat dance. C'est ce qui arrive dans l'introduction de l'album avec Speciality ~inst.~ et sa mise en bouche au piano made in Walt Disney mais qui s'arrĂŞte brusquement, interrompue par une rythmique qui fait l'effet d'un pĂ©tard mouillĂ© tant elle Ă©tait attendue. C'est encore ce qui arrive sur New World et CASTAWAY, pendant laquelle, après avoir sincèrement espĂ©rĂ© une accalmie et brĂ»lĂ© un cierge pour la paix dans ce disque, on se prend une nouvelle rafale de hurlements et de sons Ă©pileptiques. Ce qui commence à bien faire.
Reste qu'une petite flopĂ©e de morceaux parviennent à tirer leur Ă©pingle du jeu. A commencer par Reach For The Rainbow, pas franchement bon, loin de là, mais dont le cĂ´tĂ© plus gai et moins lourd crĂ©e une petite originalitĂ© et lui permet de se dĂ©marquer. No way back, dont l'introduction avec ses basses lourdes rappelle certains titres de BoA, se laisse Ă©couter à profit notamment grâce à l'Ă©nergie cette fois-ci bien exploitĂ©e des couplets. Le seul vrai bon titre de l'album reste cependant Ready Steady Go dans une ambiance rock qui n'a rien à envier aux tâcherons tatouĂ©s californiens. Les choeurs qui reprennent certaines phrases du refrain en canon ont un cĂ´tĂ© jouissif et si la voix de Tamaki laisse Ă©videmment à dĂ©sirer, elle passe mieux dans cette atmosphère festive, à tel point qu'on en oublierait (presque) les “Ready Steady Goooooooo” taquins de la chanteuse. Aucunement dans la continuitĂ© des morceaux prĂ©cĂ©dents, ce titre, le dernier de l'album, laisse un goĂ»t plutĂ´t agrĂ©able en bouche après l'avalanche de purĂ©e/saucisse à laquelle on a eu droit jusque là.
La question qui se pose vraiment à l'Ă©coute de cet album est “pourquoi ?” Alors que Sony dispose de moyens suffisants pour assurer une qualitĂ© globale et que la voix de la chanteuse, on l'a vu, s'adapte plutĂ´t bien à des genres diffĂ©rents, pourquoi avoir choisi une pseudo-facilitĂ© ? Afin d'assurer des ventes convenables sans pour autant faire de ce disque une rĂ©ussite artistique et commerciale ? On sort de cette Ă©coute vidĂ©, usĂ©. Tout ce qui avait pu ĂŞtre reprochĂ© à l'idole à la sortie de ses prĂ©cĂ©dents singles a Ă©tĂ© amplifiĂ© et l'Ă©nergie qui faisait sa force et qui Ă©tait sa principale caractĂ©ristique est maintenant terriblement mal utilisĂ©e. En bref, chaperonnĂ©e par Sony et condamnĂ©e à se rĂ©pĂ©ter encore et toujours, Nami n'est destinĂ©e qu'à rester juste assez populaire pour un succès d'estime, et ce malgrĂ© des plans marketings très classiques (stickers gundam dans les singles ...) qui auraient dĂ» achalander le client potentiel. On ressort de l'Ă©coute de ce disque avec une impression rageante d'avoir perdu son temps avec une production aussi inepte et sans saveur, et finalement, la meilleure chose à faire de cet album serait de le sceller dans une dalle de bĂ©ton à jeter droit au plus profond de la mer. Et tant qu'à faire, mettez-y la chanteuse avec.
Illustrations © Sony Music Japan
Note : 2/10
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